Le journal de Michel Saison 2 Episode 3

Voici le dernier épisode du journal de Michel pour 2018 !




Bonjour les amis,

Ah oui souvenez-vous, la glace au chocolat du Mont Cenis. 

Au départ du Mont Cenis
Nous quittons donc le Mont Cenis ce matin du samedi 25 août, direction l’Italie et Susa. Maintenant nous descendons sur le versant italien, enfin presque. Nous prenons la route qui mène à la frontière et surplombe la Plaine Saint-Nicolas, curieux nom à cette altitude. 


La Plaine Saint-Nicolas

Nous quittons assez rapidement la route pour trouver un chemin qui était une ligne ferroviaire, entre falaise et précipice avec beaucoup d’ouvrages d’art, tunnels, soutènements de la voie, ponts, vestige d’un bâtiment. C’était la ligne Saint-Michel de Maurienne – Susa qui n’a fonctionné que quelques mois en 1875-1876. Des prouesses techniques pour une exploitation bien courte.

A la sortie du tunnel, c’est l’Italie. 



Seul un panneau signale la frontière. C’est un moment important du parcours qui nous rend joyeux. Je l’attendais depuis peut-être 45 ans. Nous prenons un peu de temps puis reprenons notre marche par un chemin en sous-bois. Nous sommes sur le chemin de Rome à Compostelle balisé par un pèlerin jaune et une flèche jaune dans la direction de Saint-Jacques et une autre blanche dans la direction de Rome.


Le balisage italien du chemin Rome - Saint-Jacques de Compostelle

Nous arriverons ensuite sans encombre à Susa en milieu d’après-midi. A l’entrée de la ville, au dos d’un panneau routier, il y a une vignette autocollante … de l’Essonne ! D’un mouvement antifasciste.

Susa

Nous traversons la ville pour trouver l’hébergement chez les Sœurs tertiaires franciscaines. Nous y sommes accueillis par une Sœur qui parle très bien le français. Elle a été en poste en France pendant 45 ans. Nous sommes très confortablement logés. L’Institut avait pour vocation de recueillir les jeunes filles des montagnes, orphelines ou abandonnées, et de leur donner une éducation. Après la douche, nous ressortons pour visiter la ville qui a un passé historique important comme en témoignent les remparts médiévaux et l’Arc de Triomphe d’Auguste. Et bien sûr, nous dégustons notre première bière Moretti. A la pression, alla spina. Tandis que l’église voisine carillonne Ave Maria pour sonner l’heure ou appeler à la messe du soir. Nous rentrons dîner à l’Institut servis par de jeunes sœurs souriantes.


Susa - L’Arc de Triomphe d’Auguste

 
Dimanche matin 26 août, nous quittons l’Institut après avoir réglé notre dû et avoir salué la Sœur francophone et francophile qui nous recommande vivement la visite de la Sacra San Michele qu’on trouvera plus loin sur notre chemin. En sortant, nous nous rendons à l’Arc d’Auguste où a lieu le départ d’un trail en montagne de 14 km et 1 700 m de dénivelé. Claude et Jean-Luc surtout, en ont des fourmis dans les jambes. Le vainqueur de l’an dernier est là, un jeune gars. Nous ne saurons pas s’il a remporté cette nouvelle édition. Nous traversons la ville et faisons une halte à l’office de tourisme où l’employée parle français et d’où nous repartons avec des cartes et des indications touristiques, direction Sant’Antonino, destination du jour.

Nous traversons donc un bourg dont une des églises présente un Rembrandt et des tableaux à la manière de Caravage. Nous nous y arrêtons, mais le Rembrandt s’avère être un tableau d’élèves du maître. Le paysage change déjà, les cimes s’éloignent, nous sommes dans la vallée, nous traversons, salués comme il se doit par les chiens des maisons, des terres agricoles, des vergers, des bourgs dont celui de Bruzolo où le roi de France Henri IV a conclu un accord avec le Duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier pour damer le pion au roi d’Espagne Philippe III. Mais le roi Henri sera assassiné un mois plus tard à Paris et l’accord sera aussitôt caduc.

Val di Susa

Nous avions l’ambition de déjeuner dans un restaurant, mais impossible de trouver un établissement ouvert dans ces bourgs ruraux le dimanche. Nous déjeunons donc des restes dans nos sacs à dos. saucissons, fromages, et fruits trouvés sur le chemin, tout de même. A la petite ville suivante, nous arrêtons à une terrasse pour boire un café. Là un client engage la conversation en italien. Nous nous comprenons assez bien même si des choses m’échappent. Il me complimente sur le chemin que j’ai déjà parcouru et me parle lui aussi de la Sacra San Michele avec ses  200 marches. Puis nous repartons à nouveau à travers le paysage rural jusqu’à Sant’Antonino et arrivons en fin d’après-midi à la ville qui a quelques industries.

Nous cherchons le B&B où nous avons réservé. Nous le trouvons après avoir compris qu’une rue peut se couper elle-même avec un stop à l’intersection. Je sonne et notre logeuse, une jeune femme souriante, arrive derrière nous, elle habite de l’autre côté de la rue. Le gîte est grand, c’est un ancien bâtiment de ferme, avec un jardin spacieux. L’intérieur présente plusieurs chambres avec une grande cuisine commune. Le tout est décoré avec goût et l’équipement est tout à fait complet. Nous échangeons en italien et un peu en français. Après nous être rafraîchis, nous sortons pour dîner dans une pizzeria recommandée par notre hôtesse. Au motif que je sais un peu d’italien, les copains me pousse en avant et je donne du Buonasera au serveur qui me répond Bonsoir dans un français impeccable. Là, mes illusions quand à ma pratique de l’italien s’effondrent, puis je me dis qu’il nous a peut-être entendu parler quand nous sommes entrés. Nous dînons convenablement et rentrons pour un repos mérité.
 
Au matin, notre hôtesse est là à l’heure convenue pour le petit déjeuner. Elle nous a préparé une table exceptionnelle et nous sert le café fait à la machine à la demande. Viennoiserie à l’italienne, beurre, confiture, jus de fruit, laitages, fromages, charcuterie, et prunes du jardin. Ìl y en a pour dix alors que nous sommes les seuls locataires du gîte. Nous voyons que les italiens savent recevoir. Nous quittons cette jolie maison pour nous rendre à la superette nous procurer un vrai pique-nique cette fois, puis en route pour Giaveno via la Sacra San Michele.

Départ de Sant’Antonino - La Sacra San Michele est tout en haut du rocher


Nous traversons à nouveau des villages, certains aux rues pavées, et arrivons à Chiusa di San Michele. Nous sommes au pied du mur ou plus justement au pied la montée vers la Sacra. Tout d’abord, nous nous fions à un panneau touristique qui nous indique le chemin à prendre près de l’église, nous commençons la montée avant de nous rendre compte que le chemin n’est pas le bon. C’est que en Italie les villages ont plusieurs églises et bien sûr celle à proximité du panneau n’était pas celle à retenir. Nous retraversons le village et un habitant sur le pas de sa porte nous indique la direction à prendre. 700 m de dénivelé en montée à travers bois nous attendent. 


Le chemin est long mais assez large. Des trouées nous permettent de voir la vallée qui s’éloigne. Nous croisons des coureurs, qui eux descendent, et ne m’impressionnent guère. Puis nous sortons du  bois et arrivons sur un parking. Ah ! Il nous reste à parcourir une petite route piétonnière jusqu’au sommet. 

Arrivée à la Sacra San Michele - Devant les restes d’une église romane

 Et là le paysage se dégage, l’abbaye est là tout en haut, magnifique. La Sacra San Michele est une ancienne abbaye franciscaine devenue monument historique, une construction médiévale fortifiée. Le paysage est un écrin époustouflant, à l’est au loin, Turin, à l’ouest, le Val di Susa que nous venons de parcourir avec Chiusa San Michele et Sant’Antonino. Nous sommes récompensés de notre montée.

La Sacra San Michele

C’est bientôt l’heure du déjeuner et l’abbaye va fermer, nous ne  prendrons pas le temps de voir l’intérieur avec son escalier monumental. Je souhaite déjà y revenir. Pendant que nous nous attardons à regarder ces beautés, je croise une famille d’italiens. La mère me propose aimablement de me prendre en photo devant l’abbaye. Je remercie le garçon d’une dizaine d’années qui a opéré avec mon téléphone et sa mère lui fait me répondre « de rien » plutôt que le « prego » italien. Quelques minutes plus tard, je retrouve Claude et Jean-Luc qui reviennent d’avoir admirer les lieux et la famille italienne est toujours là. Je demande en italien à la dame s’il est possible de faire une autre photo avec mes deux amis. Bien sûr elle accepte et me complimente pour mon italien, j’avais bien préparé ma phrase qui était peut être un peu scolaire. Mais j’étais ravi comme un gamin de cette remarque agréable. Foin du serveur de la pizzeria.

A la Sacra

Nous repartons, le chemin reste en hauteur, nous nous arrêtons à un banc pour pique-niquer. 

L’abbaye en face de nous se découpe dans le paysage, le ciel est bleu, il fait soleil. Que de beauté et de bien-être.
La vallée vue de l’Abbaye

Vue de la Sacra après notre visite

Pose et Pause méridienne
Au loin, Turin

L’après-midi, le chemin surplombe les lacs d’Avigliano, puis descend dans la plaine. Nous marchons à découvert, il fait chaud, casquette et lunettes de soleil sont impératives. Nous arrivons dans les faubourgs de Giaveno et trouvons notre hôtel. C’est un petit hôtel familial, simple mais bien. Nous avons deux chambres qui ont une terrasse commune. Je suis dans la petite chambre, les deux cabris dans l’autre. La mienne a une particularité que je n’avais jamais vue, les toilettes et la douche sont tout un. C’est à dire que la cuvette est dans un angle de la toute petite pièce, la douche dans l’autre angle et la bonde au sol au milieu. Après avoir utilisé ces lieux des deux chambres, nous partons visiter le centre ville. Giaveno est une petite ville agréable. Certaines rues sont couvertes de parapluies ouverts. 

Giaveno et ses parapluies
 Nous ne savons pas leur significations, manifestation commerciale ou touristique ? Nous nous attablons à une terrasse pour boire la bière Moretti, une grande bouteille que nous partageons. Ce moment de détente avec les copains est délicieux. Claude veut remettre ça. Je lui dis en italien ce qu’il doit demander. Il part dans le bar avec la bouteille vide, la montre à la serveuse qui comprend immédiatement le message, dépose sur la table une bouteille fraîche et évacue la vide immédiatement dans la poubelle à verre de la rue. Nous retournons à l’hôtel pour le dîner à 19h30 précises. Puis nous profitons du soir sur la terrasse avant extinction.
 
Mardi 28 août, c’est notre dernière journée de marche sur le chemin d’Assise, mais pas tout à fait la fin du séjour. 

Nous quittons Giaveno pour None.

Dans le jardin de l’hôtel à None

Cette fois ce sera la plaine, plus de dénivelé. La plaine céréalière, voilà qui me parle. Nous gagnons d’abord Trana puis Sangano où pour nous assurer du chemin, je me renseigne auprès d’un habitant, mon italien oral me semble plus aisé. Nous passons dans un sous-bois ombragé agréable. Après le déjeuner, nous nous arrêtons dans un bar d’une zone industrielle prendre un café et nous abriter du soleil qui cogne fort à cette heure-là. 

Ensuite, nous repartons dans la plaine et les champs de maïs pour atteindre Volvera. Les noms des rues des nouveaux quartiers de cette ville que nous traversons portent souvent des noms de personnes assassinées par la mafia. Troublant. 

A la sortie de Volvera, nous manquons une bifurcation et nous nous trouvons à un grand carrefour routier où s’arrête un camion de transport de voitures Maserati neuves parfaitement enveloppées dans un tissu ajusté. En voyant cela, Jean-Luc est déjà ailleurs.

 Puis arrive au carrefour un tracteur piloté par un grand gaillard qui doit être dans la quarantaine et qui, voyant notre équipement, nous dit que le chemin n’est pas par là, nous montre la route d’où nous venons et c’est plus loin à droite. Bon, nous revenons sur nos pas, mais nous manquons d’eau et nous arrêtons à une grande ferme où nous sommes reçus par une jeune fille, certainement lycéenne qui travaille avant la rentrée. Elle remplit nos bouteilles avec de l’eau minérale bien fraîche et nous explique que la ferme a 300 têtes de bovins de plusieurs races françaises et 1 800 porcs. De plus, nous voyons que la ferme est entourée de champs, essentiellement du maïs en cette saison. Nous la remercions et coupons entre les champs rejoindre notre chemin. 

Arrivé sur le chemin, voilà derrière nous le tracteur et son conducteur jovial. Il s’arrête pour bavarder. Nous lui montrons les cartes, nous sommes bien sur le chemin d’Assise, et aussi sans doute sur ses terres. Nous lui indiquons que nous sommes allés à la ferme emplir nos bouteilles. Il répond que nous avons bien fait et en semble ravi. Jolie rencontre éphémère. 

Nous repartons et arrivons à un endroit qui est une sorte de hub pour la livraison des voitures neuves. Il y en a de toutes marques et aussi des camions et des trains adaptés. Puis nous arrivons dans la zone industrielle de None que nous traversons pour rejoindre notre hôtel. Celui-ci ne paie pas de mine depuis la route, mais l’intérieur est bien, il y a un jardin avec tonnelle, bassin et jet d’eau, et des sculptures et plus loin encore un pré avec des chevaux. 

Nous commençons par la bière Moretti en compagnie de deux ouvriers dont un connait la France et la Belgique et parle français. Ils nous font partager le bol de cacahuètes qui accompagne leur apéritif. Plus tard je prête l’oreille à leur conversion et je dis aux copains que je ne capte rien. L’italien qui parle français me dit alors que c’est normal car ils ne parlent pas en italien mais en dialecte piémontais. Pour dîner, nous avions repéré un restaurant en arrivant à None. Nous y dînons bien. A la fin du repas, la patronne comprenant que nous sommes des pèlerins sur le chemin d’Assise, nous fait une ristourne sur la note et nous salue chaleureusement quand nous partons, tout en nous demandant, quand nous serons à Assise de faire une prière pour elle à Sainte-Claire ou à Saint-François. Cette demande n’est pas la première que je reçois depuis mon départ en avril.
 
Nous avons fini notre traversée des Alpes. Tout s’est bien passé, nous avons fait un beau voyage à pied. Demain, nous irons à Turin par le train, après une petite marche pour le plaisir, le centre ville et la gare sont à 1,5 km de l’hôtel.
 
 
Appendice – Turin
 
Mercredi 29 août. Nous quittons l’hôtel et traversons None pour nous rendre à la gare. Achat des billets de train pour Turin, seule possibilité la machine automatique. On s’y met à trois. Finalement les cabris laissent faire le spécialiste, Jean-Luc n’a plus qu’à mettre sa carte bancaire dans l’appareil. Une demi-heure de train et nous voilà à la Gare Porta Susa. Première étape, déposer nos sacs à l’hôtel qui est près de la gare puis nous partons à la découverte de la ville.

Dans le jardin de l’hôtel à None

 Le centre historique est typé architecture du XIXè siècle, après un passage à l’office de tourisme nous décidons de visiter le musée de l’automobile. 
Une Ferrari pal mal non plus (Il n’y pas que des Italiennes) 

Fiat 500 Topolino de 1936 - Ma préférée du Musée de l’Auto

C’est un très beau musée, de classe mondiale, à ne pas manquer si vous allez à Turin. Nous y avons passé plus de trois heures sans nous en rendre compte. 

L’après-midi, nous nous installons à l’hôtel. Nous disposons d’un véritable appartement, deux chambres, une salle d’eau et une cuisine en cours d’aménagement. Cet hôtel touristique, trouvé par Jean-Luc, est vraiment très bien. L’après-midi, nous nous séparons, Claude et moi retournons dans le centre ville à la recherche d’un glacier recommandé par l’employé de l’hôtel et Jean-Luc reprend le métro pour aller au temple, le stade de la Juventus.

 Claude et moi visitons la place San Carlo, la via Roma et la belle galerie commerciale San Federico, toute en marbre et en verre.
Turin - La galerie San Federico
Turin - Piazza San Carlo

L’adresse indiquée est plutôt celle d’une pâtisserie. Nous trouvons un glacier du même nom près de la gare. Il est près de 19h, la boutique est pleine et ne désemplira pas jusqu’à 20h30 quand nous partons chercher un restaurant tous les trois. La glace au chocolat est bonne, mais ce n’est pas celle du Mont Cenis.
 
Jeudi 30 août, dernier jour. Nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel qui est sur un porche au dessus de la rue. Une nouvelle fois, le petit déjeuner est copieux et très bon. Nous avons choisi de voir le musée du Cinéma qui est installé dans le Mole Antonelliana, une énorme bâtisse construite dans la deuxième moitié du XIXè siècle à la gloire de l’unité italienne. Je trouve quelque chose de new-yorkais à ce bâtiment. Il est surmonté d’une immense coupole avec en haut une terrasse panoramique surmontée d’une flèche tout aussi 
impressionnante. 

Turin - Mole Antonelliana - Musée du Cinéma 




Depuis la terrasse, il y a une vue totale et dominante de Turin. Le petit déjeuner juste avant a ajouté à mon trouble …
Turin - Vue de la terrasse du Musée du Cinéma

Le musée du Cinéma est très beau aussi, je vous le recommande. En sortant, nous sommes allés voir le Pô. 

Le Pô à Turin

Cette partie de la ville me penser à Lyon. Puis à la mi-journée, nous avons accompagné Claude qui partait pour Nice à la gare Porta Nuova. 





Turin Gare Porta Nuova - Fin du voyage - Heure de la séparation.
 Ensuite Jean-Luc et moi sommes revenus prendre nos sacs à l’hôtel et nous avons filé dare-dare à la gare Porta Susa, c’était l’heure du TGV pour Paris. Le train a emprunté le Val di Susa puis la Vallée de la Maurienne. Nous nous sommes amusés à repérer les chemins par où nous étions passés.
 
Je compte terminer mon voyage de None en Toscane l’année prochaine à la fin de l’été. Un bon mois de marche. Rendez-vous donc en 2019, j’espère.

Encore merci à tous et particulièrement à mes accompagnateurs depuis avril, Jean-Luc et Claude les Cabris , Patrick, Michel. Et Thierry qui n’a pas pu être du voyage et m’a beaucoup encouragé.

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