Le journal de Michel Saison 2 Episode 2





Bonjour à tous,

Revenons à Saint-Jean de Maurienne, nous sommes le mercredi 22 août. La journée commence par un minuscule événement qui a bien amusé Jean-Luc. A l’hôtel, nous étions quatre au petit déjeuner, nous trois et un autre client. En servant, l’hôtelier donne la panière à trois croissants au client solitaire et nous donne celle à un croissant. La chose est vite réparée, à notre demande bien sûr.



Saint-Jean de Maurienne - Boîte à livres

Nous reprenons la route pour Orelle. Traversée du centre de Saint-Jean qui est une jolie ville, visite sommaire de la cathédrale près de la tour clocher, passage près du musée Opinel. Nous remarquons que nous sommes sur l’ancienne route nationale 6 qui passe par chez nous. Je prends conscience qu’elle va jusqu’au Mont Cenis, mais nous ne la suivrons pas pour atteindre le Mont. Nous passons devant un réfrigérateur joliment peint, c’est une boîte à livres. Puis nous traversons le pont sur l’Arve dont les eaux sont toujours aussi noires et abordons la zone industrielle de Saint-Jean. Nous ne suivons pas exactement le chemin d’Assise, parfois Jean-Luc ouvre des chemins, il est trop fort Jean-Luc ! 



« Ouverture d’un chemin » à Saint-Jean de Maurienne

Notre route passe sous un pont routier et il serait commode d’atteindre la route du dessus. Nous voilà sur le talus très pentu aux herbes hautes et plein de ronces qui n’a jamais été pratiqué. Ca valait la peine, nous évitons ainsi un détour de peut-être 2 km, puis nous retrouvons un vrai chemin enfin. Il offre quelques belles montées brèves mais ardues, pas tout à fait des grimpettes quand même. 


Saint-Martin La Porte - La mairie

Nous traversons des villages dont celui de Saint-Martin La Porte avec son étonnante mairie, un reste de château sans doute. Nous nous arrêtons à Saint-Michel de Maurienne pour déjeuner sur un banc en plein cagnard. Je prendrai le dessert à l’ombre de l’unique arbre du coin. 
Un compagnon de voyage inattendu à Saint-Michel de Maurienne

Nous repartons après avoir pris un café dans un bar, comme souvent. Dans un hameau, nous rencontrons un villageois, amateur de marche en montagne, qui est en vacances ici chez sa femme, lui est Haut-Savoyard. Et aussi un gars de Chartres, qui court pour préparer son prochain marathon. Les copains parlent de sport et moi du pays. Plus tard, nous rencontrerons un homme qui restaure un mur de maison, c’est un grand marcheur qui voyage en autonomie complète avec un sac de 16 kg. Il a vu les mêmes chemins du monde que Jean-Luc. Le tutoiement s’installe rapidement.



Cueillette de myrtilles et résultat

Tout au long de notre périple, nous mangeons des fruits sur le bord du chemin, des mûres, des framboises, des noisettes, des noix, des myrtilles en altitude (je découvre le peigne à myrtilles qui améliore nettement la productivité du ramassage au regard de notre méthode manuelle qui laisse les doigts bleus et la langue aussi). Et même des prunes, quetsches et mirabelles. Les raisins ne sont pas assez mûrs.

Etonnant champignon vers Saint-Michel de Maurienne
Pour les amis cyclistes
            En arrivant au hameau de Francoz, commune d’Orelle, notre hôtesse nous ouvre le logement. Nous nous enquérons immédiatement d’un endroit pour boire la bière quotidienne mais il n’y a rien à proximité. Pour dîner, nous avons acheté des crozets à Saint-Michel que Jean-Luc compte préparer comme des spaghettis à la tomate. 

Horreur, ce n’est pas comme ça qu’on fait, il faut de la crème fraîche et des lardons, et un bouillon kub pour la cuisson. Notre hôtesse retourne chez elle chercher ce qu’il faut. La maison où nous sommes, qui est plus que deux fois centenaire, héberge aussi de jeunes ouvriers sympathiques qui travaillent la nuit à l’entretien des voies du chemin de fer. Le pastis coule à flots et ils ne manquent pas de nous en offrir un verre constatant notre détresse hydrique. Notre hôtesse revient avec trois bières et nous cuisine les crozets. Nous sommes un peu au paradis en cette fin d’après-midi.

Pour les amis cyclistes

Jeudi 23 août. 

Nous quittons Francoz pour Bramans et commençons par une belle grimpette. Le chemin sera sur les hauteurs au dessus de la vallée qui devient étroite et encaissée. Nous passons près des télécabines dont la gare était près de notre logement puis près d’une conduite forcée qui vient des sommets, descend dans la vallée et semble remonter sur l’autre versant jusqu’à l’usine hydro-électrique, à moins qu’elle alimente l’Arc en eau. A partir de là, le chemin suit la courbe de niveau et nous avançons d’un bon pas. 

En contrebas du chemin, nous voyons un homme dans son verger qui récolte des petites prunes qui ressemblent à des mirabelles. Bien sûr, nous engageons la conversation et il nous invite à le rejoindre. Tout en parlant, nous mangeons des prunes tombées à terre ou celles qu’il nous donne prises à poignées dans l’arbre. Cet homme est un érudit qui connaît parfaitement ce coin de la montagne. Je me dis qu’il a peut-être été professeur d’Histoire. Il nous parle des carrières de pierres qui étaient exploitées autrefois, des torrents dont les cours ont été déviés pour sécuriser des habitations, ce qui a provoqué des querelles entre les communes concernées, etc.

Modane

A la mi-journée, nous nous arrêtons pour pique-niquer sur le chemin avec vue sur Modane. Entre Orelle et Modane, et au-delà, la vallée est très étroite. On y trouve pourtant la rivière Arc, la Nationale 6, l’autoroute A43 et les voies ferrées. L’autoroute est construite par dessus la voie ferrée, la Nationale se perd entre l’Arc et l’autoroute. Il y a aussi des tunnels autoroutiers ou ferroviaires. Cet enchevêtrement est très étonnant.


A la reprise, nous descendons vers la ville de Modane que nous traverserons (le fort du Replaton me paraît étrange, on dirait une construction de Vauban surmontée de bunkers de la seconde guerre mondiale). 

Le Fort Victor-Emmanuel

Nous passons sur le pont de l’Arc où nous retrouvons la Nationale 6 puis passons près de la mairie au style italianisant. C’est que nous approchons de l’Italie ! Puis nous repartons sur l’autre versant de la vallée vers Bramans. 


Le chemin est parallèle à la Nationale mais il passe dans les bois, avec quelques montées bien sûr. Nous arrivons enfin à Bramans en fin d’après-midi. En entrant dans le village, je demande à un groupe de retraités si ceux-ci connaissent le gîte. Bien sûr, ils viennent de s’y installer, c’est tout droit sur la gauche. 

Nous nous installons au gîte, à notre tour, dans un dortoir exigu pour six personnes équipé de lits superposés. Nous sommes au complet, un père et son fils, randonneurs en vacances et un retraité du groupe précédent. Le gîte fait restaurant. Il a de la bière locale à la pression. Tout va bien.

Au dîner, mes compagnons prennent une pièce de bœuf et moi une pizza, à l’inverse de notre première soirée, sauf que moi je n’en laisserai pas, de la pizza.
Au milieu de  la nuit, le jeune homme se met à râler car il n’a pas pu fermer l’œil à cause du retraité ronfleur. Je ne suis pas habitué à ces situations de dortoir et m’en amuse. Moi, j’ai dormi.


Vendredi 24 août. 

Dernière étape en France, direction le Mont Cenis. Levés tôt, le chemin est long aujourd’hui. Nous sommes les premiers dans la cuisine du gîte pour le petit déjeuner. Nous quittons Bramans et commençons d’emblée par une belle montée qui nous conduit à un ancien poste de douaniers. Celui-ci est transformé en micro-musée avec des personnages de cire en costumes des différentes époques, des images aux murs, etc. Il suffit de pousser la porte, la pièce doit faire 3 ou 4 m2, les objets son protégés par une grille et il faut refermer la porte en sortant.

Une chose m’a étonné, au petit matin, le temps est humide et frais, il y a de la brume, l’herbe est verte mais les prés sont arrosés. Ou bien l’humidité est insuffisante pour l’exploitation ou bien l’arrosage est à déclenchement automatique ?

Nous nous approchons d’un mont que nous avions repéré la veille au dessus de Bramans. Là la montagne s’est en partie effondrée laissant apparaître la pierre blanche. Ce ne semble pas être une carrière. Impressionnant.

La montagne effondrée (?) après Bramans

Nous poursuivons le chemin. Montées, bois, des panneaux nous indiquent que nous sommes peut-être, il n’y a pas de certitude, sur le sentier emprunté par Hannibal et son armée de 37 éléphants, 5 000 cavaliers et 20 000 fantassins. Compte tenu de la largeur des chemins, les historiens estiment qu’elle pouvait s’étirer sur 25 km. 


Plus loin, nous abordons le Chemin Carolingien. 

Le Chemin Carolingien

C’était la voie de passage entre l’Italie et la France, empruntée de l’époque de Charlemagne jusqu’au moyen-âge. Abandonné ensuite au profit d’un passage par Lanslebourg. Il a été ensuite réhabilité par Napoléon Bonaparte qui faisait extraire des pierres dans le secteur pour les besoins de ses constructions militaires. Ce chemin est étroit, pentu, pierreux et difficile, mais beau. Il nous a mené au col du Petit Mont Cenis. Avant le col, nous avons rencontré un trio familial égaré que Jean-Luc et Claude ont remis sur le bon chemin. Figurez-vous, j’étais un peu loin derrière.

En arrivant au Petit Mont Cenis, le paysage change. Il n’y a plus d’arbres, le vent souffle fort, le ciel est très bleu. Il y a aussi des troupeaux de bovins et quelques rares fermes isolées. J’aime bien ces paysages minéraux où la vie est certainement difficile. Nous trouvons un endroit très agréable, abrité du vent par de gros rochers, pour y pique-niquer. Attention aux bouses, toutefois.

Au col du Petit Mont Cenis

Après le déjeuner, nous nous arrêtons au refuge du Mont Cenis pour prendre un café. Il y a là beaucoup d’Italiens venus en voisins. Je ne comprends pas bien les conversations qui sont trop rapides pour moi.

 Nous reprenons notre marche et arrivons au lac du Mont Cenis côté ouest et longeons le lac sur un chemin en hauteur. Nous arrivons en fin d’après-midi en vue de l’hôtel, qui est sous le barrage qui retient le lac. Il nous reste à descendre vers une route en lacets qui rejoint l’hôtel et la Nationale 6. 

Le lac du Mont Cenis

De l’autre côté, cette route va en Italie et à Susa. Nous la prendrons demain. Nous nous installons à l’hôtel au dortoir du sous-sol, peut-être 40 places et nous sommes les seuls occupants. Et bien sûr, je me rends compte que j’ai oublié le chargeur spécialisé de ma montre GPS au gîte de Bramans, ce qui m’agace sérieusement. 

Je ne pourrai donc plus enregistrer les parcours que nous ferons. J’appelle le gîte qui retrouve le chargeur et me propose de me l’envoyer par la poste. Il arrivera effectivement à Montgeron avant moi. Je vais devoir remercier à nouveau. 


Puis nous retournons au bar de l’hôtel pour la bière désormais traditionnelle. En remontant, il pleut un peu, pas de quoi émouvoir un Breton tout de même, et l’arroseur de l’hôtel fonctionne lui aussi ! L’hôtel est tenu par une famille d’Italiens, la patronne parle très bien le français mais ce n’est pas le cas des autres membres de l’établissement. Je m’essaye donc à l’italien sans trop de difficultés.

Le soir, nous dînons sur place dans la salle du restaurant au charme vieillot. Nous y dînons bien, et surtout si vous passez par là allez-y Hôtel Grand Scala, nous prenons des glaces en dessert, servies pas trop froides, à bonne température. Claude et Jean-Luc, ce dernier n’en est pas friand, les ont remarquées. Quant à moi, j’ai goûté là la meilleure glace au chocolat de toute ma vie. Nous apprenons qu’elles viennent d’Italie. Le glacier qui les a fabriquées n’a rien à envier à Nardone ni à Berthillon.


Ce ne sont pas des marmottes - image exposée au refuge du Petit Mont Cenis

Cherchez Charlie-Marmotte


A suivre, le Val di Susa, partie italienne du périple.

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